L’agro-écologie et le bio fondent l’ambition agricole de Benoît Hamon


L’ancien ministre de l’Éducation Nationale prône une Pac plus verte, une réduction importante des pesticides et le renforcement du principe de précaution.

«Face au marché, les États doivent être les garants de la protection des ressources naturelles et les citoyens les vigies de cette protection», indique Benoît Hamon dans ses 12 propositions pour une transition écologique. Il souhaite pour cela «aller au-delà du principe de précaution en constitutionnalisant les biens communs et en développant une démocratie environnementale».

Favoriser l’agroécologie
Cette transition agricole est basée sur l’agro-écologie : le candidat à la primaire de la gauche entend, dans le cadre des agences régionales de développement des nouveaux modèles de production et de consommation qu’il veut mettre en place, généraliser les contrats de filière agro-écologique et développer le mieux-disant environnemental.
L’agro-écologie doit par ailleurs constituer un levier de différenciation à l’export, pour «cesser de faire reposer notre stratégie d’exportation sur le seul secteur agro-alimentaire». Pour encourager ce modèle, il lancera un programme d’investissements agricoles de 5 milliards d’euros, également pour soutenir les circuits-courts, les coopératives et «l’installation des jeunes agriculteurs qui souhaitent reconvertir des exploitations en fermes bio ou agro-écologiques», indique le programme du candidat. Dans le même objectif, il souhaite réserver le foncier agricole en priorité à l’agriculture biologique ou à l’agro-écologie : «je modifierai les critères de l’examen des dossiers de reprise d’exploitation afin de favoriser systématiquement les projets en agriculture biologique ou agro-écologique. 40 % des agriculteurs devraient partir à la retraite d’ici 2020, ils chercheront donc des repreneurs dans les années à venir. Il faut se saisir de ce moment pour engager une conversion de notre agriculture».

Pesticides
«J’interdirai immédiatement les pesticides dangereux et les perturbateurs endocriniens pour prévenir les effets nocifs de ces substances sur la santé de nos enfants et de nos concitoyens», met en avant Benoit Hamon dans la partie Transition agricole de son programme. Le candidat compte ainsi retirer les autorisations de tous les pesticides dangereux et interdire l’importation des denrées alimentaires utilisant une substance interdite en France. Il souhaite également orienter la Pac en cette direction et conditionner les subventions «au respect de hautes exigences en la matière». Cette Pac qu’il souhaite «verte pour accompagner la transition agricole» devra elle aussi favoriser l’agro-écologie, à hauteur de 400 millions d’euros. Il prône par ailleurs, au niveau européen, une harmonisation fiscale.

Plan contre la maltraitance animale
«Nos objectifs en matière de qualité de vie et de qualité de l’alimentation ne justifient pas les maltraitances qui se sont multipliées récemment dans les abattoirs, à des seules fins de rendement économique», explique Benoit Hamon dans ses propositions pour une transition écologique. C’est pourquoi il propose de lancer un grand plan contre la maltraitance animale, qu’il semble réserver à la seule question des abattoirs.

Ruralité
Enfin, Benoît Hamon propose «un revenu universel d’existence» (750 € /personne à la fin du quinquennat à tous les Français, financé entre autres par une taxe sur les robots) et certaines mesures en faveur des territoires ruraux et faiblement peuplés. Pour lutter contre les déserts médicaux, il entend retirer le conventionnement aux médecins qui s’installent en zone surdotée et encourager le développement de maisons de santé pluridisciplinaires rassemblant des médecins libéraux, «appuyés par une société de service pour les fonctions support», précise son programme. Le candidat souhaite également rouvrir des centres d’accueil du planning familial dans toute la France pour contrer «les inégalités territoriales encore très fortes, notamment dans les milieux ruraux ou pour les jeunes qui ne peuvent pas se déplacer seuls».
Note de la rédaction: primaire de la gauche






L'agroécologie va-t-elle perdurer ?



Au premier rang de l'action politique menée par Stéphane Le Foll, l'agroécologie trace sa route. Et ce, malgré la crise. Le mot a même son dictionnaire scientifique. Autonomie alimentaire, conservation des sols, agroforesterie : chacune de ces expériences se range derrière une seule définition. Un modèle alternatif qui “vise à promouvoir des systèmes alimentaires viables, respectueux des hommes et de leur environnement “.

Au carrefour des savoirs, l'agroécologie anime tout autant les agronomes que les sociologues. “Le monde change et il faut aider les agriculteurs à en prendre conscience” estime Matthieu Herguais, agriculteur et co-fondateur du GIEE Méthagro 49. “Pour cela, il faut faire témoigner les pionniers”.

C'est ce à quoi s'attellera le ministre de l'Agriculture dans les quatre prochains mois. Son dernier acte, programmé en avril 2017, verra la mise en place “d'un dispositif de reconnaissance de démarches volontaires et partenariales permettant de valoriser leurs approvisionnements issus de pratiques agroécologiques, au bénéfice des agriculteurs engagés dans ces démarches”.

Les Cubains : maitre dans l’agroécologie

Alors que le père de la révolution cubaine s’est éteint, tout n’est pas sombre sur le tableau du pays. Souvent catégorisé dans la case, salsa, mojito, rhum et cigare. Il y a un point qu’une grande partie de la population mondiale peut leur envier, c’est celui de l’agriculture biologique. Un domaine qu’ils maîtrisent totalement, conséquence de l’embargo avec les États-Unis (1962) et plus tard de la chute de l’URSS (1991).



La situation géopolitique du pays l’a poussé à revoir ses plans pour alimenter la population. Sans importation, le pays ne bénéficie pas de matériels agricoles, engrais chimiques, et pesticides. Il a fallu trouver une solution, celle du développement des « techniques agricoles traditionnelles et biologiques ».

Les chiffres représentent la situation, en tout 400 000 exploitations agricoles urbaines, représentant 1,5 million de tonnes de légumes, sans pesticides et sans engrais chimiques. Un isolement qui conduit les populations dans les années 1990 utiliser des « ressources locales, pour une consommation locale ».

Pour mener à bien cette mission, les coopératives sont en fait les anciennes fermes d’États. Actuellement, « La Havane est à même de fournir 50 % de fruits et légumes bio à ses 2 200 000 habitants, le reste étant assuré par les coopératives de la périphérie ».

Le film documentaire « Cultures en transition » réalisé par Nils Aguilar, sortie en 2012, décrit Cuba comme un des exemples à suivre pour le mode de production agricole. « Reporterre » s’est penchée sur la vallée de Viñales, à l’ouest de l’île. Ses terres rouges sont composées de sols fertiles et disposent d’un climat propice à l’élevage et aux cultures.

Cette région inscrite depuis 1999 au patrimoine mondial de l’UNESCO détient comme principale activité l’agriculture de fruits, légumes et tabac cubain. Pour labourer les champs, les bœufs sont utilisés, grâce à leur traction. Aucune machine n’est utilisée. Quant au manioc, il est découpé à la machette.

Les animaux sont élevés dans des enclos, ainsi que dans les jardins des maisons. La majorité des familles élèvent des porcs ou des poulets chez eux. Un travail qui se fait en famille, les parents travaillant dès leur plus jeune âge. Les aliments ne peuvent être que sains, et tous connaissent la provenance de ce qu’ils mangent. Un bon point !





Une conférence sur l'agroécologie



L'association Jardin Nature Pibrac vous propose une conférence-débat intitulée Agroécologie : un nouveau modèle d'agriculture ?

Animée par Michel Duru, agronome, directeur de recherche à l'Inra, elle aura lieu le jeudi 5 janvier à 20 h 30 dans la salle Polyvalente Boulevard des écoles à Pibrac. Dans la quête d'une agriculture plus durable, on assiste aujourd'hui à un foisonnement d'initiatives prenant différentes dénominations (éco-agriculture, permaculture, agriculture biologique, de précision, intégrée, de conservation, climato-intelligente...).

Ces termes englobent une grande diversité de pratiques agricoles et correspondent à des systèmes présentant des performances environnementales et socio-économiques différentes.

Seuls les systèmes agricoles basés sur la biodiversité et tendant vers l'autonomie en intrants peuvent être qualifiés d'agroécologiques, qu'ils s'inscrivent dans des dynamiques de ventes locales (produits avec labels) ou mondialisés.

Ainsi définie, l'agroécologie constitue un nouveau modèle d'agriculture, basé sur la biodiversité, il correspond à véritable changement de paradigme par rapport aux systèmes basés sur des intrants de synthèse, qu'ils soient conventionnels ou utilisateurs de nouvelles technologies.

Jeudi 5 janvier 2017 20 h 30. Salle Polyvalente Pibrac. Entrée gratuite, ouvert à tous.

Toutes les informations sur l'association sont sur http ://jardinnaturepibrac.org.