« L’agroécologie ne peut être la seule solution », selon Claude Cochonneau

Claude Cochonneau, président de l’APCA

Au lendemain de son élection à la tête des chambres d’agriculture, le Sarthois Claude Cochonneau a reproché, le 24 novembre 2016, au ministre de l’Agriculture d’avoir pour seul étendard l’agroécologie.

Élu hier, le nouveau président des chambres d’agriculture, à la tête d’une exploitation en polyculture et élevage porcin à Marçon dans la Sarthe, a dénoncé, à l’occasion d’un déjeuner organisé avec la presse ce 24 novembre 2016, la position du ministre de l’Agriculture sur l’agroécologie. « Le reproche que je lui fais est de concentrer son propos pratiquement sur une seule solution, l’agroécologie », a-t-il indiqué tout en soulignant ne pas y être réfractaire puisque « je fais des cultures céréalières en agrobiologie ».

Le ministre a préféré les « intégristes » de l’agroécologie
Le nouveau président de l’APCA a regretté que le ministre ne tienne pas plus compte des efforts de la profession en la matière, et notamment des chambres. « Non, le ministre a préféré s’appuyer sur les seuls intégristes dans ce domaine pour nous dire : « c’est la seule solution ». » Or, l’agroécologie n’est pas la seule solution, a rappelé le président de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

La présenter comme telle « déstabilise le monde agricole et met à mal tous les efforts qui sont faits par les paysans ». Et en plus « ça n’est pas non plus responsable, a-t-il poursuivi par rapport à la vocation exportatrice que peut avoir l’agriculture française dans les conditions pédoclimatiques dans laquelle ou l’on est. On a un devoir par rapport à la France et au monde d’entier d’utiliser au mieux ces conditions, si l’on peut dire, bénies des dieux. »


Décision majeure de la justice européenne en faveur des antipesticides



La Cour de justice européenne, dans une décision rendue mercredi, a affirmé que le secret industriel ne prévalait pas sur le droit à l’information des citoyens.

«La protection du secret commercial et industriel ne peut pas être opposée à la divulgation d’informations». Cette décision de la Cour de justice européenne, rendue mercredi, fait fulminer les lobbies européens de la filière agricole. Pour le Conseil européen de l’industrie chimique, qui se décrit comme «la voix de l’industrie chimique en Europe», cette décision représente «un précédent juridique potentiellement dangereux pour la protection des informations commerciales industrielles».

De leur côté, les organisations environnementales se réjouissent de la position de la Cour européenne, qui va dans leur sens et «celui des citoyens». «C’est une grande victoire car la Cour affirme que l’industrie doit nous transmettre certains documents sans restrictions, se félicite Hans Muilerman, de l’ONG Pesticide Action Network Europe (PAN Europe). N’importe quel citoyen peut maintenant demander des documents à la Commission européenne sur la composition ou l’utilisation de pesticides ou de produits chimiques.» Les industriels, qui craignent ainsi de voir rendue publique la composition de leurs produits, comptent bien continuer la bataille pour limiter l’accès à ces documents.

Le glyphosate dans le viseur
La Cour de justice européenne avait été saisie de deux affaires différentes, qui portaient toutes les deux sur le droit d’accès aux documents en matière environnementale. La première oppose les ONG Stichting Greenpeace Nederland et PAN Europe à la Commission européenne. Cette dernière a refusé de leur donner accès à plusieurs documents relatifs à la première autorisation de mise sur le marché en 2001 du glyphosate, l’un des herbicides les plus utilisés dans le monde.

Ses effets sur la santé humaine et son impact sur l’environnement sont l’objet de polémiques. Alors que le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), une branche de l’OMS, considère le glyphosate comme cancérigène «probable», l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) a publié un avis fin 2015 estimant le risque cancérogène «improbable». Comme les Etats membres de l’UE n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une autorisation ou interdiction du produit, la licence a été prolongée, en juin, jusqu’au 31 décembre 2017, dans l’attente de la publication d’un nouvel avis scientifique.

Pour Hans Muilerman, cette victoire juridique est cruciale pour le combat contre les pesticides car elle va permettre de mettre à jour les «conflits d’intérêt» qu’entretient le système européen d’autorisation de mise sur le marché. «Ces décisions institutionnelles se basent uniquement sur des tests scientifiques effectués par les entreprises elles-mêmes, auxquels nous n’avons pas accès, confie le militant. Les industriels peuvent donc choisir le laboratoire qu’ils veulent et leurs tests ne sont pas confrontés avec des études indépendantes.»

Dans un effort de transparence, l’Efsa a décidé, fin septembre, de rendre publiques les données de leur évaluation de la sécurité du glyphosate. Elles devraient être divulguées début décembre.

Des mois, voire des années pour obtenir ces études
Dans la deuxième affaire, une association néerlandaise pour la protection des abeilles, Bijenstichting, a demandé à l’autorité néerlandaise compétente la publication de documents sur l’autorisation de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques et biocides. La société Bayer, titulaire d’un grand nombre de ces autorisations et ayant récemment racheté le semencier Monsanto pour une somme record de 59 milliards d’euros, s’est opposée à cette divulgation au motif que celle-ci porterait atteinte au droit d’auteur et à la confidentialité d’informations commerciales ou industrielles. La Cour de justice a estimé, mercredi, que la publication de 35 de ces documents était légale.

Franziska Achterberg, responsable des questions agricoles chez Greenpeace Europe, salue cette avancée vers plus de transparence. Mais elle demande à ce que «ces études soient publiées de manière proactive par les entreprises. Malgré cette nouvelle décision de la Cour européenne, il nous faudra toujours attendre des mois, voire des années pour obtenir ces études».



Le saumon frais bio, plus pollué que le non bio

Une étude de 60 Millions de consommateurs, publiée ce jeudi, révèle que le saumon frais bio serait plus pollué et plus contaminé que le non bio.

Le saumon frais issu de filières conventionnelles, qu'il vienne de Norvège ou d'Irlande, est moins contaminé qu'avant, mais le bio l'est davantage, selon une étude de 60 Millions de consommateurs parue ce jeudi.

Pour les saumons dits conventionnels (c'est-à-dire non-bio), "ça s'est nettement amélioré par rapport à il y a quelques années", affirme Patricia Chairopoulos, journaliste auteure de l'enquête, jointe au téléphone par l'AFP.

Ces poissons "s'en sortent bien, on n'a pas relevé de métaux, de PCB, de pesticides, aucun résidus de médicaments vétérinaires", note la journaliste. En revanche, "sur les dix pavés frais qu'on a analysés, les plus mal classés en termes de pollution sont les pavés bio", indique Patricia Chairopoulos.

Les saumons bio contaminés par les métaux, dioxines et pesticides

Sur dix saumons frais vendus en France et testés par le magazine, seuls les quatre saumons bio présentent des traces de contamination de métaux et/ou dioxines, PCB et pesticides. Néanmoins, aucun des poissons testé ne présentait de teneur de ces polluants qui "excédait les limites maximales réglementaires", et tous étaient donc sans danger pour la santé.

"Ca peut appeler les industriels à être peut-être plus vigilants sur la nature et la propreté de l'alimentation qu'ils donnent à leurs saumons", ajoute la journaliste. Selon les experts interrogés par le magazine, ce n'est en effet pas l'environnement qui est en cause, mais l'alimentation des poissons d'élevage.

Dans les deux cas, les saumons sont alimentés majoritairement avec des rations végétales, mais aussi une part de farine de poisson, pour cet animal carnivore, plus importante en bio. La part végétale des saumons bio est "sans aucun doute biologique, la partie animale, comme c'est du poisson sauvage, ça ne se contrôle pas", souligne-t-elle.

"Pour le mercure, on est dix fois en-dessous des seuils concernant le saumon conventionnel ou le bio"

"Ce qui ressort, c'est un satisfecit sur l'organisation de la filière du saumon", se félicite de son côté Pierre Commere, de l'Adepale (Association des entreprises de produits alimentaires élaborés).

Pour lui, "les valeurs nutritionnelles du saumon conventionnel sont soulignées" et pour le saumon dans son ensemble, "on est vraiment très, très en dessous des seuils" admis par le législateur. "Pour le mercure, on est dix fois en-dessous des seuils, que ce soit pour le saumon conventionnel ou le saumon bio", souligne-t-il.

Delpeyrat, l'un des principaux fabricants de saumon fumé en France, avait indiqué en février 2016 que deux millions de consommateurs avaient arrêté d'acheter ce produit depuis la crise provoquée en 2013 par un reportage télévisé très critique sur les conditions d'élevage du poisson.